Lettre d’une personne en burnout à ses amis

Beaucoup de personnes en burnout se sentent réellement incomprises, parfois même malgré le soutien de leurs proches. Souvent, elles n’osent pas en parler à leur entourage car elles éprouvent une sensation de honte et de culpabilité : « Le problème, c’est que je n’ai pas l’air malade, alors les gens ne comprennent pas. »
C’est vrai, c’est bien là tout le problème du burn-out, on ne le voit pas. Il s’agit d’un état interne difficilement descriptible si on ne l’a pas vécu. Par conséquent, il est difficile pour l’entourage d’offrir un soutien adéquat et certains encouragements, venant pourtant de personnes souvent bienveillantes, n’ont pas vraiment l’effet bénéfique escompté.
Cette lettre vous permettra de comprendre ce que les personnes en burnout vivent…

Lettre d'un.e burnie à ses amis

« Mes chers amis,

Je vous écris cette lettre pour que vous compreniez mieux ma situation…

Vous qui me connaissez, vous savez à quel point je me suis toujours investi dans mon travail : corps et âme, sans compter mes heures, impliquée parfois jusqu’à l’excès…Vous savez que je ne suis pas une fainéante, une assistée qui profite du système…Vous le savez ça, enfin j’espère…

Oui j’ai craqué, oui je traverse aujourd’hui ce que l’on appelle un « Burn out ». Qu’est ce que c’est que cette bête me direz-vous ?

Et bien, vous voyez votre téléphone ? Tous les jours vous le chargez pour pouvoir l’utiliser. Et bien, je suis comme une batterie de téléphone HS, vous avez beau la charger, le niveau d’énergie ne remonte pas suffisamment pour pouvoir l’utiliser. J’ai besoin de « me » charger longtemps pour gagner quelques minutes de communication. Pourquoi ? parce que j’ai trop forcé, j’ai trop sollicité la batterie, je lui ai demandé de fonctionner beaucoup, longtemps, et ce pendant une longue durée. A force, la batterie (mon corps) a dit stop : « je ne peux plus fonctionner si on ne me recharge pas suffisamment ».

Vous voyez dans quel état je me trouve ? Epuisée, HS, une fatigue immense, un corps qui ne répond plus, et pour le coup, un moral dans les chaussettes car je ne supporte pas cet état, je ne supporte pas de ne plus pouvoir être celle que je suis. Cela me fait peur, je ne me reconnais plus, je ne comprends pas ce qu’il se passe dans mon corps. J’ai honte, j’ai le sentiment d’être faible, de ne pas avoir été à la hauteur…moi qui me pensais si forte….

Mais je sais une chose : c’est que je ne peux rien faire, je ne peux plus rien faire pour forcer ce corps à faire ce que j’aimerai qu’il fasse.

Pourquoi je vous dis tout ça ? Pour que vous compreniez à quel point vos petites phrases, qui certes, partent d’un bon sentiment, sont inutiles et me font mal.

Quand vous essayer de me « raisonner », en me disant que ça commence à faire « un peu trop longtemps » que je suis arrêtée ou sans activité, quand vous essayer de me mettre devant mes responsabilités, en me faisant prendre conscience des risques financiers que j’encours, des risques pour ma carrière si je ne reprends pas vite du « poil de la bête ». Quand vous me dites, « allez ma grande, tu es forte, bouges toi » et bien vous me faites mal. Parce que tout ça je le sais, et si je pouvais oui, je ferai autrement. Mais je ne peux pas. Mon corps a besoin de temps pour recharger ses batteries, et je ne sais pas de combien de temps il va avoir besoin. Si je le savais…Oh oui…qu’est-ce que cela me soulagerait si je le savais.

Alors oui, vous pouvez penser que je passe mes journées à ne rien faire, à me prélasser, à me balader et que, depuis le temps, je devrais aller mieux. La convalescence d’un burn out est variable : quelques semaines, quelques mois, parfois plusieurs années. Tout dépend à quel point on a forcé sur la batterie, et du temps qu’il lui faudra pour récupérer un fonctionnement à peu près normal.

En quoi consiste cette convalescence : se reposer, beaucoup… se faire plaisir pour ressourcer sa batterie. Eviter le stress, la pression, les problèmes à gérer, parce que tout ça me fait consommer le peu d’énergie que j’ai sur ma batterie. Et du stress, avec cette situation, j’en ai : Cette impossibilité de savoir de quoi demain sera fait, de l’angoisse du temps qui passe, des questions sur mon avenir, de ma situation financière, de ces questions que je me pose en me demandant ce que je vais bien pouvoir faire de ma carcasse demain, comment je vais pouvoir repartir dans une activité professionnelle après ce traumatisme qu’a reçu mon corps…Oui du stress, déjà j’en ai.

Alors, s’il vous plait, acceptez cette situation, laissez-moi du temps, laissez-moi me reposer, ne rien faire, me faire plaisir, le temps de me recharger.
S’il vous plait, cessez vos questions assassines, vos encouragements inutiles…juste laissez moi le temps, faites preuve de compréhension, faites moi confiance, quand je pourrai, je ferai.

J’ai juste besoin de savoir que vous êtes là pour moi, de votre amitié, de vos conseils quand je vous le demanderai, de votre indulgence et de votre compréhension.

Merci mes amis… »

Source de la lettre : Site web de Catherine PY – Psychologue et coach. https://envol-et-moi.com/lettre-dune-burnoutee-a-ses-amis/